Vu code de l’éducation, notamment article L. 121-6 ; avis du CSE du 28-5-2015
Article 1 - Le parcours d’éducation artistique et culturelle vise à favoriser un égal accès de tous les jeunes à l’art et à la culture.
Il se fonde sur trois champs d’action indissociables qui constituent ses trois piliers : des rencontres avec des artistes et des œuvres, des pratiques individuelles et collectives dans différents domaines artistiques, et des connaissances qui permettent l’acquisition de repères culturels ainsi que le développement de la faculté de juger et de l’esprit critique.
Le référentiel du parcours d’éducation artistique et culturelle fixe notamment les grands objectifs de formation et repères de progression associés pour construire le parcours. Ce référentiel est annexé au présent arrêté.
Article 2 - Pendant la scolarité obligatoire, les connaissances et compétences acquises par les élèves dans le cadre de ce parcours sont prises en compte pour la validation de l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture défini à l’article D. 122-1 du code de l’éducation.
Article 3 - Les dispositions du présent arrêté entrent en vigueur à la rentrée scolaire 2015.
Article 4 - La directrice générale de l’enseignement scolaire est chargée de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Fait le 1er juillet 2015
La ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche
Najat Vallaud-Belkacem
Annexe
Première partie
Principes et définitions
1. Le contexte
L’éducation artistique et culturelle, en tant que grand domaine de la formation générale dispensée à tous les élèves, vise l’acquisition et l’appropriation par chacun d’une culture artistique qui est une composante de la culture commune portée par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Elle nécessite une ouverture de l’école à des partenaires variés, aux compétences reconnues, qui enrichissent les ressources de l’institution scolaire. Elle nécessite aussi une ouverture de l’école sur le territoire de vie des élèves, son patrimoine artistique, ses structures culturelles, qui permet de mieux s’approprier ce territoire, en résonance avec la découverte d’œuvres et d’artistes universels issus d’époques et de cultures diverses.
L’éducation artistique et culturelle a récemment fait l’objet de plusieurs dispositions importantes qui en légitiment la place dans la formation des élèves et témoignent de la volonté de faire plus et mieux pour faire accéder tous les élèves à la culture artistique. La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République du 8 juillet 2013, en son article 10, dispose que l’éducation artistique et culturelle à l’école comprend « un parcours pour tous les élèves tout au long de leur scolarité », qui est « mis en œuvre localement » et auquel « des acteurs du monde culturel et artistique et du monde associatif peuvent […] être associés ». La circulaire interministérielle n° 2013-073 du 3 mai 2013 (1) développe à destination des acteurs de l’éducation artistique et culturelle les principes et les modalités de mise en œuvre de ce parcours. Un Guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle, diffusé depuis l’automne 2013 (2), rassemble des éléments pratiques pour construire des projets, notamment partenariaux, en éducation artistique et culturelle et pour mettre en œuvre concrètement le parcours dans les écoles et les établissements scolaires.
Ces dispositions visent à renforcer, amplifier et mettre en cohérence les nombreux dispositifs et actions déjà développés, en réponse à certains besoins ou insuffisances. En effet, l’éducation artistique et culturelle a fait l’objet depuis de nombreuses années d’initiatives multiples, notamment la mise en place de dispositifs spécifiques et d’actions éducatives ou encore la création d’un enseignement obligatoire d’histoire des arts. Pourtant, comme le rappelle le rapport annexé à la loi du 8 juillet 2013, d’importantes inégalités d’accès à la culture et aux pratiques artistiques demeurent et les publics d’élèves les plus défavorisés ne sont pas suffisamment atteints.
Par ailleurs, certains domaines artistiques trouvent difficilement leur place à l’école, particulièrement quand ils ne sont pas portés par un enseignement obligatoire. En outre, les ressources artistiques, culturelles et patrimoniales locales offrent un potentiel qui pourrait parfois être davantage et plus méthodiquement exploité pour compléter et construire la culture artistique des élèves.
Enfin, la réforme des rythmes scolaires ouvre l’offre d’activités périscolaires auxquelles les élèves peuvent avoir accès, dont une part s’inscrit dans le champ de la culture artistique. L’articulation entre l’enseignement dispensé sur le temps scolaire et les activités du temps périscolaire pourra s’inscrire dans le cadre d’un projet éducatif, en particulier le projet éducatif territorial (PEDT) qui permet aux acteurs concernés d’assurer une cohérence dans les activités proposées aux élèves et une continuité éducative, avant, pendant, et après la classe.
La nouvelle impulsion donnée à l’éducation artistique et culturelle par la mise en place d’un parcours pour chaque élève nécessite que soient énoncés des repères communs à l’ensemble des acteurs impliqués :
- en premier lieu des définitions (du champ et des objectifs de l’éducation artistique et culturelle ; du parcours sous la forme duquel elle est organisée ; du référentiel associé à ce parcours - voir ci-dessous I.2, 3 et 4) ;
- puis des éléments pour la mise en œuvre du parcours (partie II) ;
- enfin l’explicitation des grands objectifs de formation visés dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturelle et de repères de progression associés (partie III).
2. L’éducation artistique et culturelle à l’école
À l’école, l’éducation artistique et culturelle est à la fois : - une éducation à l’art, qui vise l’acquisition par l’élève d’une véritable culture artistique, riche, diversifiée, équilibrée : cette culture repose sur la fréquentation des œuvres et du patrimoine, le développement de la créativité et des pratiques artistiques ainsi que sur la connaissance du patrimoine culturel et de la création contemporaine. Elle couvre les grands domaines des arts, sans s’arrêter aux frontières traditionnelles des Beaux-Arts, de la musique, du théâtre, de la danse, de la littérature et du cinéma et en intégrant autant que possible l’ensemble des expressions artistiques du passé et du présent, savantes et populaires, occidentales et extra occidentales ; elle s’appuie sur le patrimoine, tant local que national et international.
- et une éducation par l’art, qui permet une formation de la personne et du citoyen : cette formation nécessite le développement de la sensibilité, de la créativité, des capacités d’expression et de la faculté de juger. Elle encourage l’autonomie et le sens de l’initiative et passe par la participation à des expériences et des pratiques artistiques et culturelles collectives et partagées.
L’éducation artistique et culturelle se déploie dans trois champs d’action indissociables, qui constituent ses trois piliers : - des rencontres : rencontres, directes et indirectes (via différents médias, numériques notamment), avec des œuvres artistiques et des objets patrimoniaux ; avec des artistes, des artisans des métiers d’art, des professionnels des arts et de la culture… ; avec des lieux d’enseignement, de création, de conservation, de diffusion… ;
- des pratiques, individuelles et collectives, dans des domaines artistiques diversifiés ;
- des connaissances : appropriation de repères culturels – formels, historiques, esthétiques, techniques, géographiques – et d’un lexique spécifique simple permettant d’exprimer ses émotions esthétiques, de porter un jugement construit et étayé en matière d’art et de contextualiser, décrire et analyser une œuvre ; développement de la faculté de juger et de l’esprit critique.
Ces trois champs doivent être investis complémentairement et concomitamment du plus jeune âge à l’âge adulte, sans hiérarchie ni prévalence de l’un ou l’autre de ces champs, afin que chaque élève puisse se constituer progressivement une culture artistique équilibrée.
À l’école primaire et au collège, l’éducation artistique et culturelle se fonde sur les enseignements obligatoires auxquels elle ne peut pourtant se limiter. Les élèves suivent les mêmes enseignements dans différents champs disciplinaires, qui permettent de poser les premiers éléments d’une culture artistique (voir partie II.1). Dans le cadre des enseignements ou en lien avec eux, les élèves peuvent participer à des projets, souvent partenariaux et parfois fondés sur des dispositifs spécifiques et des actions éducatives (voir II.2).
L’éducation artistique et culturelle à l’École est organisée sous la forme d’un parcours qui invite à penser cette éducation de façon continue et cohérente, de l’amont à l’aval, sur le temps long des scolarités primaire et secondaire.
3. Le parcours d’éducation artistique et culturelle
Le parcours d’éducation artistique et culturelle est l’ensemble des connaissances acquises par l’élève, des pratiques expérimentées et des rencontres faites dans les domaines des arts et du patrimoine, que ce soit dans le cadre des enseignements suivis, de projets spécifiques, d’actions éducatives. Son organisation et sa structuration permettent d’assembler et d’harmoniser ces différentes expériences et d’assurer la continuité et la cohérence de l’éducation artistique et culturelle à l’École.
Les principaux objectifs du parcours sont les suivants : - diversifier et élargir les domaines artistiques abordés à l’École en ouvrant le champ de l’expérience sensible à tous les domaines de la création et du patrimoine ;
- articuler les différents temps éducatifs et en tirer parti, en facilitant un travail convergent des différents acteurs et structures contribuant à l’éducation artistique et culturelle ;
- donner sens et cohérence à l’ensemble des actions et expériences auxquelles l’élève prend part ; en cela, le parcours n’est pas une simple addition ni une juxtaposition d’actions et d’expériences successives et disparates, mais un enrichissement progressif et continu, par exemple dans le cadre de la liaison école/collège.
Ainsi, chaque élève accomplit un parcours spécifique, fait de temps et d’activités collectives ainsi que d’expériences et de réalisations individuelles, personnelles. Ce parcours à l’École n’est pas une fin en soi, il vise à susciter une appétence, à développer une familiarité et à initier un rapport intime à l’art, que chacun cultivera sa vie durant selon ses goûts et ses envies.
Le parcours est construit conjointement par l’ensemble des acteurs impliqués dans l’éducation artistique et culturelle et par l’élève lui-même. Le présent référentiel est un outil qui facilite cette construction en fixant des objectifs et des repères partagés par tous ceux qui participent à l’éducation artistique et culturelle.
4. Le référentiel du parcours
Le référentiel vise à être une référence pour l’ensemble de ceux qui contribuent aux parcours d’éducation artistique et culturelle des élèves : personnels de l’éducation nationale et de la culture, artistes et artisans des métiers d’art, structures et professionnels des arts, de la culture et du patrimoine, collectivités territoriales, intervenants en milieu scolaire, associations. Il s’agit de concevoir un projet éducatif en identifiant des grands objectifs de formation et en précisant des repères de progression. La définition de ces repères constitue le cœur même du référentiel (partie III) ; c’est le principal moyen d’assurer la cohérence et la continuité du parcours d’éducation artistique et culturelle.
Le parcours d’éducation artistique et culturelle est inscrit dans le projet global de formation de l’élève défini par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et opérationnalisé par les programmes de cycle. Ces programmes, qui organisent les différents enseignements contribuant au parcours d’éducation artistique et culturelle (voir ci-dessous II.1), fixent des objets disciplinaires et interdisciplinaires et des attendus de fin de cycle pour l’évaluation des acquis des élèves. Le référentiel quant à lui propose des repères de progression favorisant convergence et cohérence dans la mise en œuvre de ces programmes pour ce qui relève de l’éducation artistique et culturelle.
Deuxième partie
Éléments pour la mise en œuvre du parcours
La circulaire interministérielle du 3 mai 2013 et le Guide pour la mise en œuvre du parcours d’éducation artistique et culturelle contiennent de nombreux éléments sur le pilotage de la mise en place des parcours et sur la formation à cette mise en place auxquels se référer ; ils ne sont pas repris ici.
1. Un parcours fondé principalement sur des enseignements et des projets
Les enseignements
Les enseignements obligatoires dispensés à l’École, particulièrement les enseignements de culture humaniste - arts visuels et plastiques, éducation musicale, histoire des arts, français, histoire et géographie, éducation physique et sportive, langues vivantes - qui contribuent au développement de la sensibilité et à la formation du goût et du jugement, sont les principaux vecteurs de l’éducation artistique et culturelle. Aussi bien par le biais des pratiques artistiques que par celui des connaissances, les enseignements scientifiques et technologiques peuvent être sollicités et apporter leur contribution à la culture artistique des élèves ; la construction et l’explicitation de ces liens entre les différents champs des savoirs est particulièrement importante pour les élèves.
Les enseignements artistiques, comme le souligne l’article 10 de la loi du 8 juillet 2013, occupent une place particulière dans le parcours parce qu’ils ont l’art pour objet et parce qu’ils privilégient la pratique sensible comme mode d’accès à l’expression, à la connaissance et à la réflexion. L’enseignement obligatoire de l’histoire des arts, qui ne se confond pas avec le parcours d’éducation artistique et culturelle, contribue à la culture artistique des élèves en investissant particulièrement les champs des connaissances et des rencontres, en résonance avec leurs pratiques. Porté par l’ensemble des disciplines scolaires, il offre un cadre propice aux projets transdisciplinaires. Enfin, l’enseignement de l’histoire des arts peut permettre d’explorer aussi des domaines artistiques trop peu ou pas présents dans les disciplines scolaires, comme par exemple le vaste champ des arts décoratifs, des artisanats d’art, du design et des arts appliqués.
Les projets d’éducation artistique et culturelle
Il est souhaitable que des projets spécifiques portant sur les arts et le patrimoine jalonnent le parcours de chaque élève. Ces projets,qu’ils soient au cœur des enseignements, disciplinaires et pluridisciplinaires, ou organisés dans leur prolongement, sont autant d’étapes, de temps forts, particulièrement marquants et mobilisateurs. La circulaire interministérielle du 3 mai 2013 propose une périodicité minimale : « À l’école primaire et au collège, au moins une fois par cycle, il est souhaitable qu’un des grands domaines des arts et de la culture soit abordé dans le cadre d’un projet partenarial conjuguant les trois piliers de l’éducation artistique et culturelle ». Quelles qu’en soient les modalités, ces projets sont intégrés de manière cohérente dans le projet d’établissement conformément à la circulaire n° 2007-022 du 22 janvier 2007 relative aux dimensions artistique et culturelle des projets d’école et d’établissement. Ils sont ainsi pleinement légitimés vis-à-vis de l’ensemble de la communauté éducative.
La démarche de projet implique une pédagogie active fondée sur la participation et l’implication des élèves, auxquels est attribué un rôle collaboratif. Elle est particulièrement appropriée aux objectifs de l’éducation artistique et culturelle. Les acteurs impliqués dans le projet – enseignants et personnels, élèves, partenaires le cas échéant – agissent dans une interaction continue. La démarche de projet favorise ainsi : - l’accroissement de l’autonomie et la prise de responsabilité au sein d’un groupe ;
- le recours à l’expérimentation, au tâtonnement ;
- l’observation partagée et la communication ;
- le développement de la créativité par l’émulation ;
- l’engagement, l’implication personnelle, le plaisir à travailler ensemble à un projet commun ;
- le respect des élèves entre eux, en particulier l’égalité entre les filles et les garçons.
Les projets peuvent prendre des formes diverses, disciplinaires ou transdisciplinaires, partenariales ou non, et être d’ampleur très variable, notamment dans le temps qui leur est consacré, par les structures et les personnes impliquées, ou encore dans la restitution prévue. Ils nécessitent une définition préalable : - des objectifs de formation pour les élèves, à partir des programmes d’enseignement et du référentiel du parcours : c’est en cela que les repères posés ci-dessus facilitent la démarche de projet, car ils permettent aux concepteurs et porteurs du projet de travailler ensemble en cohérence, au regard de leurs compétences respectives, selon des objectifs éducatifs partagés ;
- des modalités de mise en œuvre de ces objectifs, que ce soit en termes d’organisation horaire ; d’actions prévues (dispositifs, visites, voyages, sorties…) ; de restitution du projet ; selon les cas, d’organisation de l’interdisciplinarité avec les autres enseignements du cycle concerné, etc.
Pour favoriser l’implication de tous, chaque projet gagne à être largement communiqué et lisible par tous les membres de la communauté éducative : les élèves (qui doivent connaître les objectifs du projet dans lequel ils s’investissent), les enseignants, le chef d’établissement et l’ensemble des personnels de l’école ou de l’établissement (y compris ceux qui ne participent pas directement au projet), les parents d’élèves (qui pourront s’investir aux côtés de leur enfant dans cette démarche) et les partenaires.
Le projet n’est jamais figé et doit pouvoir évoluer et se transformer en cours de réalisation, notamment selon les réactions et les initiatives des élèves eux-mêmes ; il est un moyen d’atteindre des objectifs éducatifs et non un cadre contraignant. Le processus, le cheminement qu’il propose, par les vertus pédagogiques et éducatives de l’essai, de l’expérimentation, de l’erreur, de la réorientation, compte bien plus pour la formation de l’élève que la production ou la restitution finale, l’aboutissement du projet.
Les dispositifs et les actions éducatives
Les enseignements et les projets mis en place dans les domaines des arts et du patrimoine peuvent s’appuyer sur les nombreux dispositifs existants (par exemple jumelages culturels, résidences d’artistes, dispositifs d’éducation à l’image et au cinéma comme « école et cinéma », pratiques orchestrales et chorales à l’École, classes à projet artistique et culturel, « un établissement, une œuvre »…) et les actions éducatives relevant de l’éducation artistique et culturelle. Dispositifs et actions sont bien des outils, et non des fins en soi ; ils n’ont qu’une portée éducative limitée s’ils ne sont pas intégrés dans un projet pédagogique pensé en amont.
2. L’importance du partenariat
Les objectifs de formation en éducation artistique et culturelle, notamment dans les champs des rencontres et des pratiques, donnent au partenariat (avec des artistes ou des artisans des métiers d’art, des structures d’enseignement, de création, de diffusion ou de conservation, des professionnels des arts et de la culture, des associations) une place importante, tout particulièrement (mais pas exclusivement) pour les domaines artistiques non couverts par les enseignements obligatoires. Le rapport définissant la programmation des moyens et les orientations de la refondation de l’École de République annexé à la loi du 8 juillet 2013 met particulièrement en valeur l’importance du partenariat dans le parcours d’éducation artistique et culturelle : « Ce parcours doit s’appuyer sur les apports conjugués de l’institution scolaire et de ses partenaires : collectivités locales, institutions culturelles, associations. Il doit être l’occasion de mettre en place des pratiques pédagogiques coconstruites innovantes et actives, envisageant aussi l’art comme vecteur de connaissances. »
Au côté des enseignants et en étroite collaboration avec eux, les partenaires apportent leurs compétences propres et leur expérience. L’enjeu du partenariat est d’aboutir à un projet éducatif partagé et construit ensemble, au centre duquel se trouve l’enfant, et d’articuler des univers professionnels différents ; ici encore, le référentiel du parcours vise à être un outil lisible et accessible à tous pour élaborer ce projet commun. L’organisation de formations communes associant personnels de l’éducation nationale et partenaires autour de la démarche de projet est aussi particulièrement importante pour la réussite des partenariats sous leurs différentes formes, qu’ils soient pérennes ou ponctuels. Ces formations doivent impliquer notamment les délégations académiques à l’éducation artistique et à l’action culturelle des rectorats, les corps d’inspection, le réseau Canopé, les ESPE, mais aussi les collectivités territoriales, le secteur associatif,etc.
Comme c’est déjà le cas dans les lycées depuis la mise en place des référents culture, il est utile d’identifier parmi les membres de la communauté éducative une personne référente notamment chargée de suivre pour l’école ou l’établissement les relations avec les partenaires artistiques et culturels et de faciliter l’élaboration de projets communs.
3. La nécessité de prévoir un suivi de chaque élève
Pour que le parcours d’éducation artistique et culturelle de chaque élève prenne corps et soit lisible pour tous (l’élève en premier lieu, sa famille, les personnels de l’éducation nationale, les partenaires), il est important de prévoir un outil de suivi régulièrement renseigné qui garde trace des rencontres faites, des pratiques expérimentées et des références acquises. Cet outil n’est pas un outil d’évaluation des acquis des élèves, mais de valorisation du parcours accompli. Sa forme doit être adaptée à l’âge des enfants et elle est susceptible d’évoluer au fil de la scolarité. Il peut en effet paraître difficile de conserver un même outil durant toute la scolarité ; au minimum, l’outil devrait rester le même pour un même cycle. En outre, cet outil doit être principalement renseigné par l’élève lui-même, afin qu’il prenne conscience de son propre parcours et qu’il participe activement lui-même à le construire. Il peut contribuer aussi au dialogue et au lien entre l’école et la famille. Le choix de cet outil et de ses modalités d’utilisation est l’occasion d’une réflexion commune dans les écoles et les établissements scolaires et entre eux, au sein des différents conseils existants.
Troisième partie
Les objectifs de formation en éducation artistique et culturelle visés lors du parcours
1. Grands objectifs de formation et repères de progression associés pour construire le parcours
Le tableau suivant présente les grands objectifs de formation visés durant tout le parcours pour chaque pilier de l’éducation artistique et culturelle. Ces piliers indissociables sont transcrits sous forme de verbes, du point de vue des actions de l’élève : fréquenter, pratiquer, s’approprier.
Piliers de l’éducation artistique et culturelle Grands objectifs de formation visés tout au long
du parcours d’éducation artistique et culturelle
Fréquenter
(Rencontres)
cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres (3)
échanger avec un artiste, un créateur ou un professionnel de l’art et de la culture
appréhender des œuvres et des productions artistiques
identifier la diversité des lieux et des acteurs culturels de son territoire
Pratiquer
(Pratiques) utiliser des techniques d’expression artistique adaptées à une production
mettre en œuvre un processus de création
concevoir et réaliser la présentation d’une production
s’intégrer dans un processus collectif
réfléchir sur sa pratique
S’approprier
(Connaissances)
exprimer une émotion esthétique et un jugement critique
utiliser un vocabulaire approprié à chaque domaine artistique ou culturel
mettre en relation différents champs de connaissances
mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension de l’œuvre
Les trois tableaux qui suivent explicitent pour chaque grand objectif défini ci-dessus des repères précis par cycle d’enseignement, formulés en termes d’actions et activités de l’élève, et la progressivité du travail mené : il s’agit là d’un horizon à viser, de points de repères souples (et non d’exigibles ou d’attendus) adaptés à l’âge et aux capacités des élèves, qui doivent permettre aux acteurs concernés d’élaborer leurs projets.
Grands objectifs de formation Repères de progression
Cycle 1 Cycle 2 Cycle 3 Cycle 4
Fréquenter (Rencontres) Cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres ouverture aux émotions de différentes natures suscitées par des œuvres partage de ses émotions et enrichissement de ses perceptions ouverture à des esthétiques différentes et à des cultures plurielles manifestation d’une familiarité avec des productions artistiques d’expressions et de cultures diverses
Echanger avec un artiste, un créateur ou un professionnel de l’art et de la culture accueil et écoute d’un artiste (d’un créateur) avec attention, amorce d’un premier échange questionnement d’un artiste (d’un créateur) sur ses œuvres et sa démarche débat avec un artiste (un créateur) et restitution des termes du débat échange approfondi avec un artiste (un créateur) afin d’établir des liens entre la pratique de l’artiste et son propre travail
Appréhender des œuvres et des productions artistiques suivi des codes appropriés lors des rencontres artistiques et culturelles intégration des codes appropriés face aux œuvres et productions artistiques rencontrées adaptation de son comportement face aux œuvres et aux productions artistiques selon les circonstances de la rencontre découverte personnelle (directe ou indirecte) d’œuvres et de productions artistiques de manière plus autonome
Identifier la diversité des lieux et des acteurs culturels de son territoire reconnaissance de quelques lieux et acteurs culturels de son environnement proche repérage et qualification des principaux lieux culturels de son environnement découverte du rôle et des missions des principaux acteurs et lieux culturels de son territoire repérage de parcours de formation menant à différents métiers de l’art et de la culture, découverte de quelques grandes caractéristiques du financement et de l’économie des structures artistiques et culturelles
Grands objectifs de formation Repères de progression
Cycle 1 Cycle 2 Cycle 3 Cycle 4
Pratiquer
(Pratiques) Utiliser des techniques d’expression artistique adaptées à une production identification et expérimentation de matériaux, d’outils et de postures dans des univers artistiques sonores, visuels et corporels action sur des matériaux (plastiques, sonores, corporels, textuels, émotionnels…) et expérimentation de gestes exploitation de matériaux au service d’une intention emploi de différentes techniques, réalisation de choix en fonction d’un projet de création
Mettre en œuvre un processus de création ouverture à des expériences sensibles variées identification des différentes étapes d’une démarche de création implication dans les différentes étapes de la démarche de création prise d’initiatives, engagement, exercice de sa créativité
Concevoir et réaliser la présentation d’une production présentation de sa production dans un lieu exploration de différentes formes de présentation réalisation de choix et création des dispositifs de présentation correspondants présentation de sa production en tenant compte du contexte
S’intégrer dans un processus collectif participation à un projet collectif en respectant des règles engagement dans le collectif respect de l’avis des autres et formulation de propositions participation aux décisions collectives et à leur mise en œuvre
Réfléchir sur sa pratique participation à un échange sur les propositions et les choix effectués définition d’intentions de réalisation et présentation de ces intentions en termes simples explication de son projet ou de sa production aux autres de manière structurée exercice d’un regard critique sur sa pratique pour faire évoluer son projet
Grands objectifs de formation Repères de progression
Cycle 1 Cycle 2 Cycle 3 Cycle 4
S’approprier (Connaissances) Exprimer une émotion esthétique et un jugement critique verbalisation de ses émotions confrontation de sa perception avec celle des autres élèves enrichissement de sa perception par une première analyse pour construire son jugement défense d’un point de vue en argumentant
Comprendre et utiliser un vocabulaire approprié à chaque domaine artistique ou culturel emploi d’un vocabulaire élémentaire pour parler d’une œuvre appropriation des noms de différentes formes de productions artistiques utilisation de quelques éléments d’un lexique adapté pour caractériser une œuvre exploitation d’un lexique spécialisé pour analyser une œuvre
Mettre en relation différents champs de connaissances repérage des éléments communs à des œuvres comparaison et rapprochement des éléments constitutifs de différentes œuvres situation des œuvres du passé et du présent dans leurs contextes situation des œuvres du passé et du présent dans leurs contextes à partir de questionnements transversaux
Mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension d’une œuvre expression orale sur une œuvre pour la présenter identification de quelques éléments caractéristiques d’une œuvre mise en relation de quelques éléments constitutifs d’une œuvre avec les effets qu’elle produit utilisation de ressources pertinentes pour analyser une œuvre et en déduire du sens
2. Contribution de l’éducation artistique et culturelle au projet de formation défini par le socle commun de connaissances, de compétences et de culture
L’éducation artistique et culturelle contribue à l’acquisition d’une culture commune telle qu’elle est définie dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, dans les cinq domaines de formation constitutifs du socle. Cette contribution, variable selon les domaines, est formalisée dans le tableau suivant, mettant en regard les domaines du socle commun d’une part, et les apports de l’éducation artistique et culturelle organisée en parcours d’autre part.
Domaines du socle Contribution de l’éducation artistique et culturelle
Les langages pour penser et communiquer
- Comprendre, s’exprimer en utilisant la langue française à l’oral et à l’écrit
- Comprendre, s’exprimer en utilisant une langue étrangère ou régionale
- Comprendre, s’exprimer en utilisant les langages des arts et du corps
développement de l’expression écrite et orale, des capacités à communiquer et argumenter ; acquisition d’un vocabulaire juste et précis : - échanger avec un artiste ou un créateur ;
- utiliser des techniques d’expression artistique adaptées à une production ;
- exprimer une émotion esthétique et un jugement critique ;
- réfléchir sur sa pratique ;
- utiliser un vocabulaire approprié à chaque domaine artistique ou culturel.
appropriation de la dimension culturelle propre aux langues étrangères ou régionales, notamment les expressions artistiques et le patrimoine :
- mettre en relation différents champs de connaissances ;
- appréhender des œuvres et des productions artistiques.
développement de pratiques artistiques variées, des capacités à s’exprimer et communiquer par l’art et à s’engager dans un dialogue verbal et gestuel ; découverte des particularités des langages artistiques :
- mettre en œuvre un processus de création ;
- utiliser des techniques d’expression artistique adaptées à une production.
Les méthodes et outils pour apprendre développement de l’autonomie et du goût de l’initiative, des capacités de coopérer, de travailler en équipe et de réaliser des projets : - s’intégrer dans un processus collectif ;
- cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres.
La formation de la personne et du citoyen développement de la sensibilité, de la confiance en soi et du respect des autres ; des compétences en matière de réflexion critique et d’argumentation ; du sens de l’engagement et de l’initiative : - cultiver sa sensibilité, sa curiosité et son plaisir à rencontrer des œuvres ;
- exprimer une émotion esthétique et un jugement critique ;
- appréhender des œuvres et des productions artistiques ;
- s’intégrer dans un processus collectif.
Les systèmes naturels et les systèmes techniques développement des capacités à concevoir et créer un objet matériel, une réalisation concrète en mobilisant imagination, créativité, sens de l’esthétique, talents manuels et en sollicitant des savoirs scientifiques et techniques : - mettre en œuvre un processus de création ;
- utiliser des techniques d’expression artistique adaptées à une production ;
- concevoir et réaliser la présentation d’une production.
Les représentations du monde et l’activité humaine acquisition de repères pour se situer dans l’espace et dans le temps, découverte des représentations par lesquelles les femmes et les hommes tentent de comprendre le monde dans lequel ils vivent, du sens et de l’intérêt de quelques grandes œuvres du patrimoine national et mondial dans les domaines de la littérature et des arts ; développement des capacités d’action et d’imagination pour créer des œuvres : - mobiliser ses savoirs et ses expériences au service de la compréhension de l’œuvre ;
- mettre en relation différents champs de connaissances ;
- exprimer une émotion esthétique et un jugement critique ;
- mettre en œuvre un processus de création ;
- réfléchir sur sa pratique ;
- identifier la diversité des lieux et des acteurs culturels de son territoire.
(1) http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=71673
(2) Le guide est téléchargeable sur le site de la Direction générale de l’enseignement scolaire, Éduscol, en suivant le lien : http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Domaines_artistiques/49/9/2013_EAC_guide_bdef_287499.pdf
(3) Dans le référentiel, le terme « œuvre » est employé dans un sens très large et peut désigner par exemple, outre une œuvre d’art au sens usuel, un objet architectural, urbanistique ou encore artisanal, ou une performance (théâtrale, chorégraphique…).